Modèle d'excellence de l'EFQM®
Qu'est ce que le modèle EFQM?
Le référentiel EFQM regroupe les facteurs considérés
comme clés pour l’excellence des entreprises.
Il est quelquefois difficile de comprendre qu’il ne soit pas adopté,
dans toutes les entreprises, comme le méta-modèle "définitif"
de management dans lequel s'insère l'ensemble des actions et des
programmes à court et moyen terme de l’entreprise.
Qui peut contester que la représentation de l’excellence des résultats puisse se mesurer:
- aux résultats eux-mêmes, financiers
(vue des actionnaires) et autres,
- à l’appréciation d’excellence vue
par les clients (et également par les fournisseurs),
- à l’excellence de la perception de l’entreprise
vue par son personnel,
- à l’image globale de l’entreprise, à
son rôle sociétal.
Nul ne peut nier le rôle fondamental, dans un métier donné, de l’excellence des mécanismes mis en œuvre:
- vision du management, leadership dans ce cadre
de tout l’encadrement
- excellence des stratégies et cohérence
de leur déploiement,
- qualité du management des ressources, en
particulier des ressources technologiques, management des partenariats
fournisseurs
- modernité du management du personnel
- enfin, excellence dans les management des processus,
de la chaîne de valeur ajoutée de l’entreprise, tant par des
techniques incrémentales
que par des remises en cause profondes.
Bref historique des prix qualité
C'est le Japon, qui dès les années 50, s'est intéressé
à récompenser, à mettre en avant les entreprises exemplaires
en Qualité. Le prix Deming fut ainsi créé en 1952.
Trente années plus tard, les E.U. ont commencé à
constater leur retard en Qualité sur l'Extrême-Orient.
C'est alors la création du prix Malcolm-Baldrige, décerné
une fois par an par le président des E-U à des entreprises
ayant obtenu le maximum de "points" suivant les critères du prix.
Le prix EFQM a été créé pour les entreprises
européennes quelques années plus tard. Il y a aujourd'hui
un consensus pour reconnaître la validité des critères
qu'il propose dans la marche vers l'Excellence des entreprises.
Une entreprise peut désormais s'auto-évaluer suivant
ces critères, se comparer aux autres, et ainsi déclencher
les actions d'amélioration indispensables.
Les organisations les plus performantes utilisent le modèle
EFQM, quelquefois réadapté à leur culture d'entreprise,
pour déployer l'excellence dans toutes leurs actions, pour structurer
leur tableau de bord.
La cohérence historique du modèle EFQM
Que s’est il passé en Qualité dans les années
80?
Les années 80 (à partir de 82 pour les pionniers et de
85 pour les autres), suite aux stimulations de discours du type "L’entreprise
du 3éme type"(H.Seryiex) et d'associations comme l'Afcerq, ont vu
fleurir des cercles de qualité, des groupes d'amélioration
de la qualité (Qualité phase 1).
Ceux-ci ont eu des destins variés. Certaines organisations ont
su conserver jusqu'à aujourd'hui cette nécessaire dynamique,
et sont souvent exemplaires sur ces thèmes.
Quels furent les problèmes rencontrés à cette
époque?
Dans certaines organisations, ce mouvement, quelquefois récupéré
par les responsables des ressources humaines de l'époque dans le
cadre d'opérations de management participatif, n'ont pas toujours
impliqué l'ensemble de leurs cadres.
L'exemplarité des Directions Générales n'a pas
toujours été au rendez-vous, et après des bénéfices
importants en motivation du personnel, en diminution du COQ (Coût
d'obtention de la Qualité), l'engagement initial est souvent retombé
et le management a été déçu des résultats.
Les cadres intermédiaires, pris dans de nouveaux réseaux
de contraintes, se sont donnés d'autres priorités.
Pourtant, quelques années plus tard, les mouvements Qualité
vivaient toujours...
Vers la fin des années 80, les directions ont réalisé
que l'innovation "montante" du personnel devait être orientée
à partir des objectifs stratégiques de l'entreprise...
Par ailleurs le cloisonnement structurel des entreprises (services,
"back office" vs "front office",...) rendait à nouveau indispensables
de grandes actions de type Qualité.
C'est alors l'ère des relations clients/fournisseurs internes
(avec quelquefois leur dérive bureaucratique, l'oubli des priorités
du client final...), d'une emphase autour du concept de processus, considérés
comme des sous-finalités de l'entreprise, pour tenter de maîtriser
les phénomènes de transversalité.
Mais ceci impliquait la mise en place d'un vrai management matriciel,
avec ses conséquences "politiques" et ses enjeux de pouvoirs. (Qualité
phase 2).
Une des difficultés rencontrées était la difficulté
de transposer dans le tertiaire les modèles et méthodes qui
avaient fait leurs preuves dans l'industrie.
Pourquoi de nouvelles dynamiques de type ISO, de type EFQM ?
Au milieu des années 90, la Qualité était quelquefois
devenue un discours, certes important, mais dont la mise en œuvre était
souvent déléguée, sans nécessairement une implication
de tous les cadres.
On voit alors émerger deux dynamiques majeures: l'emphase sur
le client, considéré comme le décideur final (avec
l'actionnaire et le personnel) et les dynamiques de la certification ISO.
La notion de Qualité de Service apporte alors ses propres critères
fondamentaux d'évaluation tournée vers le client.
Quant aux certifications ISO, elles sont souvent vues comme une façon
clé de relancer le thème Qualité, en ré-impliquant
le personnel dans la formalisation de ses procédures, dans un esprit
Qualité.
L'ensemble de ses phases a été vécu, souvent avec
quelques années d'avance, par les industries, plus concernées
à court terme par ces aspects.
Ces industries ont alors constaté que la compétitivité
des organisations nécessitait une approche plus totale, positionnant
(enfin?) l'Excellence comme la préoccupation majeure de l'entreprise.
C'est alors la création aux Etats-Unis du prix Malcom Balridge,
puis en Europe de l'approche EFQM. (Qualité phase 3).
Il est bien évident que les 3 phases décrites des mouvements
Qualité sont toutes nécessaires aujourd'hui: innovations
montantes basées sur des méthodes, interfonctionnalité
maîtrisée par les processus, approche globale basée
sur des modèles de type EFQM.
Chaque entreprise devra faire dans ce cadre sa propre re-invention
d'une stratégie et d'un discours interne.
Modèle EFQM et dimensions managériales
Les modèles d’Excellence d’entreprise de type EFQM sont, dans
l’esprit des décideurs, en "concurrence" avec de nombreux autres
concepts de management.
Des articles fameux (Harvard Business Review) ont même tenté
de démontrer que les entreprises ayant adopté ces modèles
("Le prix de l'Excellence") ont toutes connues de gros problèmes
ultérieurement !
Des vagues (et des vogues...) successives, issues des grandes écoles
de management ou des consultants se présentent comme la dernière
panacée pour faciliter la réussite des enjeux à court
et moyen-terme.
Du "Knowledge Management" au "Management par percée", du "Benchmarking"
à l’externalisation, de l’utilisation stratégique des technologies
au "reengineering", le manager décide à un certain moment
de s’approprier une approche, qui correspond à un besoin ponctuel.
Par ailleurs les notions de Qualité, d'Excellence, n’ont pas
toujours un historique parfait dans les organisations, et se sont souvent
"usés" au cours du temps.
En réalité chacun des "nouveaux" thèmes de management
a sa légitimité propre, peut et doit, à un moment
donné, servir de levier vers l’Excellence.
Il est donc intéressant de regarder rapidement ces différentes
approches, et de tenter d’évaluer leur effet de " levier" sur tout
ou partie du modèle EFQM d’Excellence.
1- Les normes ISO 9000 (version 1994, version 2000)
La relation de l’ISO et de EFQM est relativement connue.
On sait clairement les insuffisances des critères ISO 1994 en
ce qui concerne le personnel, le client, ...La nouvelle norme ISO version
2000 atténue certaines de ces anomalies.
La certification peut souvent être obtenue dans une seule partie
de l’entreprise, quelquefois sans impact obligatoire sur son mode de fonctionnement
global.
La certification va permettre de renforcer l’organisation, en l’obligeant
à formaliser ses mécanismes Qualité, ses processus,
à mieux gérer ses ressources, à améliorer les
résultats directement liés à la Qualité et
aux processus.
La façon "moderne" de partir en certification est sans doute de s'appuyer sur l'approche EFQM:
2- Le management par projets
Le mot "Projet" a un fort impact dans les organisations. Il connote
des idées de mobilisation conjointe, de coopération, d'efficacité.
Alors que l’approche Qualité se focalise sur les processus de
l’organisation, finalités permanentes à optimiser, avec les
techniques
3-Le reengineering
Au-delà des améliorations incrémentales de type
Kaisen, jugées quelquefois comme insuffisantes, le reengineering
vise à effectuer des ruptures dans l’organisation, en modifiant
profondément les processus, souvent grâce aux technologies,
en se focalisant sur la satisfaction des besoins des clients de ces processus.
Il joue donc sur ces facteurs, et bien sûr, ce qui est l’objectif,
directement sur les résultats.
L'image du reengineering a souvent souffert, du fait d'une association,
quelquefois justifiée mais souvent abusive, dans l'esprit du personnel,
avec le "down-sizing" (comment faire plus et mieux avec moins...). Ses
techniques restent totalement applicables:
Dans un environnement instable, il faut armer les acteurs, au delà d’un système d’information, d’un système de connaissances. Ceci ne se fera pas sans un appel important aux nouvelles technologies, d’Internet/Intranet aux agents intelligents...
Le ‘ Knowledge Management ’ traite des enjeux
critiques de l’adaptation de l’organisation à sa survie et de ses
compétences face aux changement ‘ de rupture ’ de l’environnement,
de plus en plus nombreux.
Le Knowledge Management (KM) traite de mécanismes
organisationnels et de l’alliance synergique des capacités des Nouvelles
Technologies de l'Information et de la Communication à traiter données
et informations et des capacités créatives et innovatrices
des hommes.
Alors que les techniques organisationnelles (Qualité, Reengineering, ..) avaient mis l'emphase sur la Chaîne de Valeur, le KM mets l'emphase sur la Chaîne de la Connaissance.
C'est également une approche pour convertir les organisations à la transversalité nécessaire.
Le Management de la connaissances joue principalement sur les mécanismes et la satisfaction du personnel, mais a une influence sur l’image, la satisfaction des clients, les techniques de leadership managérial.
5- Les approches stratégiques
On touche là un domaine difficile, car les directions considèrent
la stratégie comme un domaine réservé, prédominant
sur les notions d'Excellence, déterminant fondamental de l'avenir,
avec ses jeux d'alliance, de diversification, de recentrage, ses méthodes
offensives et défensives, ses propres grilles de décodage.
Or la stratégie n'est qu'une des composantes (certes clé...)
dans la recherche par une organisation de l'Excellence court et long terme.
Il faut ensuite (ou avant) mettre en cohérence l'organisation
et ses mécanismes (les processus), les mentalités (les hommes),
déployer ces stratégies, optimiser les ressources.
L'objectif ultime d'un mouvement stratégique est la satisfaction
de ses clients, de ses actionnaires (résultats), de son personnel,
de son image.
Tout mouvement stratégique doit pouvoir être expliqué
à la lumière des critères EFQM...
6- Le benchmarking
Il s’agit ici de généraliser les comparaisons concurrentielles avec les meilleures pratiques existantes, tant au niveau des résultats (globaux, satisfaction client et personnel, image) qu’au niveau des mécanismes (processus, style de management, ...). Le fait de influence directement certains facteurs, et fait avancer dans la voie de l’Excellence EFQM, où le benchmarking est réclamé pour tous les critères.
Vers un discours cohérent et pérenne...
On trouvera dans le tableau ci-après après le "prototype" d'une approche "effets de leviers". Chaque entreprise pourra mettre en perspective ses programmes de management à la lumière de la recherche de l'Excellence et des critères de l'EFQM.
(Tout a un impact sur tout... Mais on se consacrera ici à l’effet de levier "direct" et mécanique de la mise en place des techniques de management sur l’amélioration des critères EFQM)
Ceci permettra un discours enfin pérenne, où chaque évolution / mutation sera rationalisée, communicable.
L'adaptabilité du modèle EFQM
Une des difficultés d'adoption "totale"
des concepts véhiculés par l'EFQM dans les entreprises est
le doute qu'elles ont, légitimement, sur l'adaptation de critères
aussi "simples" à la variété des stratégies,
des styles, des cultures...
En effet, comment considérer qu'une société qui
a trouvé son rythme de croisière, parfaitement adapté
à ses clients et ses marchés puisse utiliser la même
grille d'appréciation que le nouvel entrant innovant, ou que la
société en pleine transformation?
Il faut sans doute introduire une plus grande finesse dans les approches
et les discours.
Sans prétendre à l'exhaustivité, une approche
est ci-après suggérée.
Un modèle systémique de la relation externe/interne de l'entreprise (inspiré de Boynton et Pine, extrait d'un article paru dans Qualité en Mouvement, suite à un colloque IBAQ)
On peut modéliser l'entreprise suivant deux axes:
L'un vertical, représente l'environnement, qui peut, suivant
le métier que l'on a, la période où l'on est,... être
relativement stable ou très turbulent.
L'autre horizontal, représente les mécanismes que l'on
peut maîtriser en interne pour jouer sur cet environnement. Ce sont
en majeur les processus (organisation), les hommes, les technologies. Ces
mécanismes peuvent être stables (on fait comme hier...) ou
très dynamiques (révolution permanente)
Historiquement, au moment de sa création l'entreprise est en
mode innovation: elle invente un nouveau produit ou service, profitant
des turbulences de l'environnement, avec un nouveau procédé.
C'est en général (pour que celà marche...) à
forte valeur de différenciation, avec des coûts un peu fort,
car les processus ne sont pas encore stabilisés.
L'entreprise tente alors d'industrialiser ses processus et stabilise
son produit en les fiabilisant. Elle est alors en production de masse,
à faible coût.
Mais désormais les marchés ont changés : Ce que veut le client, c’est un produit quasiment sur mesure, et à un coût minimal, avec une haute qualité et dans un délai raccourci. Ce n’est plus sur-mesure ou coût ou qualité ou rapidité, mais tous les facteurs en même temps ! Par quel miracle peut-on fournir ces services supérieurs dans ce nouveau monde de sur-mesure-de-masse ("mass customization") ?
Toutes les expériences des entreprises montrent qu’il faut alors passer par une phase cruciale de transformation (par amélioration continue ou rupture suivant la distance à parcourir) où l’on va casser ses mécanismes internes pour les rendre aptes à délivrer le niveau de sur-mesure-de-masse exigé…
Il existe donc un cycle pour les entreprises : innovation ->production de masse -> transformation -> sur-mesure-de-masse -> innovation -> …
L’entreprise va se trouver à un certain moment dans l’une de ces phases, en fonction de son marché et de ses mouvements internes.
Mise en perspective de quelques phénomènes
Regardons les critères EFQM sous cet angle :
Innovation Production Masse Transformation Sur-Mesure-de-Masse
Leadership Charisme Autoritaire Faciliteur Orchestrateur
Déploiement stratégique Adhésion Top/down Bottom/up Réseaux
Management des ressources R+ f(svces) R- R+ (facilite) R adaptées
Management des hommes Savoirs Efficacité Coopération Différencié
Management des processus P=Procédé P=Procédure P=Processus P= ‘Lego’adaptable
Résultats hommes Adhésion Social Valeurs partagées Appartenance
Résultats clients Prod/Svce Q Fidélité Adaptation
Résultats Croissance Profit Processus Par unité opérations
Sociétal Emploi Citoyen Process adéquation Image globale
Ce qui est alors important pour l’entreprise, c’est la cohérence à un instant donné de ces différents critères. Mais l’entreprise doit aussi anticiper certains mouvements, pour ne pas rester trop longtemps dans le quartile où elle est, et doit être capable de créer alors certains désalignements, certains déséquilibres efficaces…
Les responsables du déploiement de l'approche EFQM (les directions
générales...) ont dont à réinventer, suivant
le secteur de l'entreprise, jamais culturellement homogène, les
approches les plus adaptées pour les 9 critères fondamentaux.